Détecter et prévenir la fatigue mentale, mode d’emploi

Repérer les signaux de fatigue mentale des salariés, mettre en place des mesures de prévention, limiter les sources de fatigue dans l’entreprise. Explications et bonnes pratiques.

Les signaux faibles de fatigue mentale à repérer

Qu’ils se manifestent à distance ou non, certains signes de fatigue mentale chez les collaborateurs ne trompent pas.

Parmi les éléments annonciateurs, qui doivent alerter managers et professionnels RH :

  • Un manque de concentration provoquant des erreurs inhabituelles ou oublis répétitifs (rendez-vous manqués, réunions mal préparées, non-respect des délais fixés, etc.) ;
  • De nouvelles difficultés d’organisation : incapacité à prioriser les tâches, anxiété face au moindre obstacle ;
  • Des sur-réactions comportementales : pessimisme latent, démotivation flagrante, faculté d’adaptation réduite ou altérée, remises en question récurrentes, irritabilité excessive en réunion, par e-mail ou sur les plateformes de tchat collaboratives ;
  • Un surinvestissement professionnel : hyperconnexion, réactivité exacerbée aux mails, travail tardif régulier, etc. ;
  • Un défaut d’empathie limitant les interactions et l’investissement du collaborateur, causant parfois son isolement ;
  • Des désagréments et douleurs évoquées régulièrement : TMS (troubles musculosquelettiques), sommeil perturbé, fatigue physique, migraines, etc.

Autres indices synonymes de fatigue mentale : des petites phrases récurrentes parmi lesquelles « je ne vois pas l’intérêt de », « ça ne sert à rien », « à quoi bon ? », « je n’en peux plus de… » ou, plus cyniquement, « oui, je me suis trompé, et alors… ? ».

Le rôle clé des managers dans la prévention de la fatigue mentale

Même si la fatigue psychologique et émotionnelle est le résultat d’un ensemble de paramètres dépassant souvent la sphère professionnelle, il est possible de la prévenir dans l’entreprise. Les managers ont, pour cela, un rôle clé à jouer.

Premier réflexe à adopter : écouter et maintenir le dialogue avec les salariés atteints de fatigue mentale. En cette période d’éloignement choisi ou subi, les réunions d’équipe et points d’étape opérationnels ne suffisent pas. Des échanges informels individuels, centrés autour du collaborateur (et non uniquement autour de ses tâches) permettent de créer un climat de sécurité psychologique où il peut exprimer ses difficultés et ses ressentis, au sens large.

Objectifs :

  • le valoriser en lui montrant que son bien-être est important pour son management, pour l’équipe et pour l’entreprise en général ;
  • montrer qu’il peut s’exprimer sans être jugé et que sa vulnérabilité actuelle est compréhensible eu égard au contexte ;
  • Renouveler régulièrement la confiance de son management en le rassurant quant à la qualité de sa collaboration, en dehors du trop rare entretien annuel d’évaluation ;
  • Rappeler qu’il a droit à l’erreur et que dire « non » n’est pas proscrit, sous certaines conditions ;
  • Adapter avec lui son plan de charge en pondérant l’importance et l’urgence de ses tâches ;
  • Donner des conseils ou mettre en avant les bonnes pratiques de l’entreprise pour éviter de se surinvestir.

Exemples : un mail ne nécessite pas une réponse dans l’heure, une journée de télétravail doit, elle aussi, être rythmée par des horaires fixes et cadrés, quelques jours de congés pris régulièrement tout au long de l’année sont plus réparateurs que plusieurs mois de travail intensif, suivis de deux ou trois semaines de vacances.

En parallèle, la disponibilité du manager est un facteur clé de succès dans la prévention de la fatigue mentale au travail.

La reconnaissance comme remède anti-lassitude

Autre levier à privilégier : la reconnaissance à l’égard des idées formulées. Laisser l’espace nécessaire aux salariés pour qu’ils apportent des solutions, les mettre en place et montrer leurs impacts bénéfiques est aussi un moyen de les (re)motiver et d’éviter tout effet de lassitude.

L’informel pour décompresser et libérer la parole

Créer des moments de convivialité, en présentiel ou à distance, permet, également, de pallier un état de fatigue généralisé.

Des groupes d’expression entre collègues peuvent aussi être créés. De quoi rassurer les collaborateurs quant à la « normalité » actuelle de cet état de fatigue, et partager quelques bonnes pratiques.

L’importance de la formation pour combattre la fatigue mentale

Dernier axe clé : la formation. Pour les managers, l’enjeu est de les aider à détecter les signes de fatigue mentale chez leurs collaborateurs et à adopter une posture d’accompagnant. Comment maintenir le dialogue avec un salarié fatigué ? Quelles solutions lui proposer ? Qu’est-ce que l’écoute active et comment la mettre en œuvre ? Quels conseils pratiques lui donner pour éviter de se surinvestir ?… Autant de problématiques auxquelles une formation adaptée aux nouveaux environnements de travail et aux attentes actuelles des équipes pourra répondre.

Du côté des salariés, l’objectif est de leur donner les clés pour faire face à cette période d’incertitude. Ils doivent, d’abord, être informés quant au processus interne de prévention : à qui s’adresser, comment en parler, etc.

Des sessions de formations communes peuvent, également, être organisées non sans avoir interrogé les salariés en amont, quant à leurs besoins immédiats. Parmi les thèmes abordables : comment retrouver de la motivation dans un contexte mouvant, comment éviter la surconnexion en remote, comment détecter ses propres signaux de fatigue ou encore, comment savoir dire « non ».

Enfin, la formation professionnelle classique, parce qu’elle donne des perspectives nouvelles permettant de se projeter vers l’avenir, participe, elle aussi, au maintien de la motivation et de l’équilibre psychique. Une clé dont managers et RH peuvent s’emparer pour contrecarrer la fatigue mentale.

  • 5 bonnes pratiques

    pour prévenir la fatigue mentale en entreprise :

    •  Maintenir le dialogue avec les collaborateurs ;
    •  Permettre à tous d'émettre des idées, en reconnaître la valeur et les effests bénéfiques ;
    •  Former les managers à la détéction des signaux faibles de fatigue mentale ;
    •  Former le salariés, pour les aider à faire face à cette période d'incertitude ;
    •  Promouvoir la formation professionnelle afin d'offrir de nouvelles perspectives ;

 
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