Interview : Le contrat social, un atout pour l'attractivité des PME

Rares sont les entreprises avec lesquelles je travaille qui utilisent ce terme. Les dirigeants des petites entreprises comme les salariés parlent plutôt des avantages hors rémunération. Mais cet ensemble est également mal défini. En tant que DRH à temps partagé, toute nouvelle collaboration avec une entreprise commence par un diagnostic RH. L’objectif est de revoir l’ensemble de la politique RH, ce qui inclut la politique de rémunération et les avantages hors rémunération.

Tout à fait, et particulièrement auprès des nouvelles générations de salariés. Dans certains recrutements, de plus en plus de candidats expriment par exemple clairement leur désir de flexibilité. C’est le cas plus particulièrement des métiers du secteur digital et tertiaire d’une manière générale. Certains refusent tout simplement les postes sans jours télétravaillés, parfois même toute forme de travail en présentiel. Côté dirigeant, tout dépend de la culture d’entreprise et de la sensibilité sociale du dirigeant. L’effet générationnel est également très important.

Certains ne se rendent pas du tout compte de l’importance de construire l’attractivité de leur entreprise, et de l’influence qu’ont tous les avantages hors rémunération. A partir d’un certain niveau de rémunération, jouer uniquement sur des grilles de rémunération hautes ne suffit pas à construire l’attractivité de l’entreprise. Proposer un bon contrat social a une influence positive sur l’image de l’entreprise.

« Proposer un bon contrat social a une influence positive sur l’image de l’entreprise »

Tout ce qui concerne l’équilibre vie privée/vie professionnelle est aujourd’hui au cœur des aspirations. On a par exemple travaillé les politiques de parentalité au sein de start-up et mis en place des congés paternités équivalents en durée au congé maternité. Sur les profils que ce type d’entreprise cherche à recruter, ces sujets sont très différenciants car ils expriment aussi l’engagement sociétal de l’entreprise. C’est toute l’image de l’entreprise qui se construit à travers de tels avantages. La semaine de 4 jours est également de plus en plus demandée par les salariés (quand le secteur d’activité ou le métier le permet). J'ai accompagné un client dans un recrutement proposé en « full remote » et avec la semaine de 4 jours, l’attractivité a été immédiate : nous avons reçu énormément de candidatures et les candidats interviewés citaient spontanément ces deux points comme facteur de motivation.

Les PME ont à leur disposition le même éventail d’avantages, mais souvent pas les mêmes ressources pour les mettre en place ou le même budget. L’ensemble de ces avantages a un coût et les entreprises doivent parfois arbitrer entre le coût que cela représente et le potentiel retour sur investissement (qui n’est pas si simple à calculer). Il y a aussi un aspect irréversible : il est difficile de revenir en arrière, juridiquement et managérialement parlant : par exemple, si je décide de réduire la part employeur dans la prise en charge de tickets restaurant de 7 à 6 €, cela générera de l’insatisfaction et un sentiment de perte de salaire directe pour le salarié.

En regard, pour les salariés, tout ce qui peut mettre mis en place dans le contrat social peut finir par être considérés comme de l’acquis. D’où l’intérêt pour les entreprises de communiquer et valoriser régulièrement le contrat social de son entreprise.