Aidants, quels sont les interlocuteurs internes à solliciter en entreprise ?

Même si le sujet des aidants est de plus en plus connu, parler de sa situation au sein de l’entreprise ne va pas de soi. Si d’un côté l’aidant peut avoir envie de parler de sa situation pour trouver des solutions, la peur du regard des autres, la stigmatisation freine souvent l’expression au sein des entreprises, grandes ou petites.

Salariés aidants : les interlocuteurs internes à solliciter

« On ne veut pas révéler la situation à d’autres proches et surtout pas à l’entreprise. Le milieu professionnel exige en quelque sorte de la normalité. (…) Il y a véritablement un enjeu de transformation des mentalités. Cela ne peut arriver que si tout le monde est convaincu de la nécessité d’évoluer. Je suis sûr que si votre entreprise devient plus consciente de la nécessité de la différence, vous pourrez en parler à plus de personnes, y compris au médecin du travail ».
(source : Charles-Henri Besseyre des Horts, professeur associé au département « Management et Ressources humaines » du groupe HEC et directeur d’une chaire de recherche sur le thème « Gestion de capital humain et performance de l’entreprise », Colloque Klésia, 27 novembre 2013).

Libérer la parole en entreprise ne va pas de soi. Comme sur d’autres sujets de RSE, la posture du dirigeant est primordiale.

Favoriser l’écoute de l’environnement de proximité

Une des conditions pour libérer la parole des aidants au sein de l’entreprise est de sentir écoutés. L’ambiance au sein de son équipe  est essentielle, car la séparation entre vie professionnelle et vie personnelle demeure une pratique culturellement répandue en France.

Ainsi les aidants peuvent vouloir rester discrets sur leur situation pour de multiples raisons : avoir envie de rester « salariés ordinaires, comme avant », craindre d’être stigmatisés.
La situation complexe des aidants les incite dans 50 %  des cas à échanger d’abord avec un collègue de travail (source enquête Agir pour les Salariés Aidants, 2017).  Ils bénéficient alors de l’entraide et de l’expérience de collègues, ce qui constitue un soutien important.

Après les collègues, c’est auprès des managers que les aidants osent en parler. Ainsi 30 % des aidants évoquent leur situation avec leur responsable hiérarchique.

« En réalité, il est très difficile d’aller voir son supérieur hiérarchique pour aller lui expliquer les difficultés qu’on rencontre encore une fois parce que souvent c’est quand même perçu comme des difficultés personnelles et que selon les environnements de travail, ce n’est pas toujours jugé comme important à leurs yeux ou prioritaire » (source enquête Agir pour les Salariés Aidants, 2017).

Les managers de proximité sont des interlocuteurs d’autant plus importants qu’ils seront sensibilisés à la question des aidants et formés à accueillir leur parole. En prenant en compte la situation de l’aidant salarié, le manager pourra accompagner son salarié pour envisager les solutions envisageables au sein de l’organisation de travail. Par son positionnement, il pourra réguler les répercussions possibles de la situation du salarié sur le collectif de travail. En libérant la parole, il prévient des situations de tensions collectives.

Encourager la sollicitation des services ressources

En fonction de la taille de l’entreprise, des services internes peuvent être mobilisés et formés pour accompagner les salariés aidants :

  • La direction des ressources humaines
  • Les services sociaux
  • La médecine du travail

Le paradoxe, c’est qu’on observe que ces services dédiés sont ceux auprès desquels les salariés évoquent le moins leur situation.

De même les représentants syndicaux, bien qu’ayant un rôle notamment sur la qualité de vie au travail, sont peu sollicités.

En tant que dirigeant, il est important de prendre en considération la parole des aidants au sein de votre organisation. En portant le sujet au sein de votre entreprise vous pourrez mettre en place des actions favorables pour que chacun, à  son niveau puisse trouver et adapter des solutions facilitant la poursuite de l’activité professionnelle des aidants.

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